S’auto-observer est une compétence clé pour un leadership conscient et permet de limiter les biais. Je parle bien de limiter, plutôt que vouloir être “sans” biais. En effet, notre cerveau fonctionne d’une certaine façon, vouloir les empêcher est, selon moi, contre-productif. Par contre, le voir, le conscientiser et le contre carrer sera plus simple.
Cet article est la suite de “Manager toxique ou bienveillant ? “ . Si vous ne l’avez pas lu, allez-y vite. Il propose déjà un questionnement global sur la manière de manager. J’y parle des actions concrètes pour manager en conscience (écouter, s’observer, recherche de retours constructifs). Dans ce nouvel article, nous allons faire un zoom sur l’auto-observation.
Être un.e manager en conscience signifie bien plus que remplir des objectifs. Cela demande d’adopter une posture introspective et d’apprendre à s’auto-observer. Cet article a pour objectif de vous aider à comprendre et à développer cette compétence essentielle.
A la fin de cet article, vous pourrez évaluer à quel point vous pratiquez l’auto-observation et vous y trouverez, je l’espère des axes de progression.
Pourquoi l’auto-observation pour un leadership conscient ?
Dans un monde où chaque décision et chaque mot ont un impact significatif, l’auto-observation est la première étape pour reconnaître les biais qui influencent votre comportement et vos décisions. Que ce soit un biais de confirmation, de généralité, de conformité ou de similarité, prendre du recul sur vos réactions permet de mieux comprendre l’impact de vos postures.
L’idée étant d’adopter une position méta.
La position méta : l’art de se regarder agir
Adopter une position méta consiste à s’observer comme si l’on était spectateur de soi-même. Cette position extérieure permet de percevoir ses interactions et réactions avec une objectivité accrue. En tant que manager, se mettre en position méta, c’est s’ouvrir à une vision plus complète de ses comportements.
Par exemple, après une réunion, repensez à la manière dont vous avez interagi, observé, ou réagi face aux opinions différentes. Qu’avez-vous communiqué, consciemment ou non, par votre langage corporel ou vos réponses ? Quelles pensées vous ont traversées, sans forcément l’avoir exprimé.
Cette capacité à prendre du recul est un outil précieux pour détecter des schémas inconscients, améliorer ses pratiques et développer une gestion plus inclusive et sans biais.
Cette position méta est celle qui vous permettra d’identifier vos pensées automatiques (notamment ces pensées que vous n’avez pas forcément exprimées, mais qui sont belles et bien là), de les voir et de les questionner.
Comment s’auto-observer efficacement ?
Quand on commence, ce n’est pas forcément facile de le faire à l’instant T. Plus vous allez pratiquer, et plus vous serez en capacité de le faire au moment où les pensées se manifestent.
A ce moment là, vous récupérez immédiatement cette pensée, et vous la questionnez : “qui pense cela ? Est-ce la vérité vraie ? Est-ce que cette pensée m’aide ? Est-ce qu’elle me permet d’être à l’écoute ? D’aimer l’autre dans son entièreté ? de l’accompagner comme il se doit ? Suis-je réellement à l’écoute en pensant cela ? Quels impacts ont ces pensées ?
Mais si vous débutez … commencez déjà par essayer cet exercice :
- Faire une pause : Avant chaque réunion ou entretien, prenez un moment pour clarifier vos intentions.
- Ecrire : L’écrit aide à s’analyser et à poser des intentions, à analyser des comportements ou des réactions. Vous pouvez noter vos réactions, les pensées qui vous ont traversées et les questions qui vous viennent. Par exemple, “Pourquoi ai-je été contrarié par cette remarque ?” ou “Qu’est-ce qui a déclenché cette réaction en moi ?”.
- Analyser : Après quelques heures, le lendemain ou quelques jours plus tard, relisez vos notes pour identifier des schémas récurrents et des zones d’amélioration. Voyez si vous pouvez faire le lien entre vos pensées, vos croyances et la façon dont vous avez perçu des avis, questions, réclamations, … et la façon dont vous avez réagi ou pris des décisions.
Les règles absolues d’un leadership conscient
Pour développer l’auto-observation et un leadership conscient, plusieurs qualités et attitudes sont essentielles :
- La bienveillance : Être bienveillant.e envers soi-même est la clé pour entreprendre ce chemin d’introspection. L’auto-observation n’a pas pour objectif de se juger ou de se blâmer, mais de reconnaître ses forces et ses faiblesses avec douceur. La bienveillance permet de transformer les erreurs perçues en opportunités d’apprentissage. En management, cela se traduit par une capacité accrue à se pardonner des décisions imparfaites tout en cherchant à les améliorer. La bienveillance envers soi mène forcément la bienveillance envers l’autre, la réciproque n’est pas forcément vraie.
- Le non jugement : Observer ses comportements et ses attitudes sans juger est une démarche libératrice. Le non-jugement permet de regarder ses actions, pensées ou émotions comme des faits à analyser plutôt que comme des échecs à corriger ou des éléments de “honte”. Cela crée un espace mental où il devient possible d’identifier ses biais ou habitudes sans ressentir de culpabilité, favorisant ainsi une amélioration continue.
- L’envie de se transformer : Sans une réelle envie de changement, de transformer des comportements ou des ressentis, l’auto-observation reste une simple réflexion stérile. L’envie de se transformer, d’évoluer vers un leadership plus aligné et conscient (et surtout vers un être humain plus aligné et conscient), est le moteur de cette démarche. Cette motivation personnelle pousse à dépasser l’inconfort initial de l’introspection pour en tirer des bénéfices durables. En tant que manager, cette envie se traduit par un engagement à expérimenter de nouvelles façons de faire et à accueillir le feedback de l’équipe.
C’est vrai, qui a déjà modifié des choses quand iel n’en avait pas envie ? - Être accompagné.e : L’auto-observation peut être enrichie par un accompagnement externe. Un.e thérapeute/psychologie, un.e coach, un.e mentor peut offrir un regard objectif et des outils pour approfondir cette démarche. Être accompagné.e, c’est aussi accepter de ne pas tout résoudre seul.e et reconnaître la valeur d’un soutien extérieur dans sa quête de transformation.
Les études le disent …
De nombreuses études, comme celles sur le leadership transformateur, montrent que les managers qui bénéficient d’un accompagnement professionnel sont plus enclins à intégrer durablement ces pratiques introspectives. Je vous invite à prendre connaissances des articles de Bernard M. Bass, Ronald E. Riggio, si vous souhaitez développer le sujet.
C’est vrai, nous nous tournons bien vers du personnel de banque, ou des experts en finances pour nous accompagner dans nos démarches d’investissements. Nous nous tournons bien vers un dentiste lorsque nous avons une carie qui gène. Alors pourquoi pas vers ces spécialistes quand nous avons des problématiques de l’ordre de l’humain ?
Les bénéfices de l’auto-observation pour vous et votre équipe
L’auto-observation conduit à un leadership plus aligné avec vos valeurs. En cultivant cette pratique, vous gagnez en objectivité, favorisant ainsi un climat de confiance et de transparence.
Ce qu’il faut avoir en tête, c’est que les biais sont un mécanisme inconscient. Pour s’en rendre compte, il faut faire un effort et s’écouter avec bienveillance, sans jugement. Car si on commence à se juger, notre cerveau va faire quelque chose qu’il sait très bien faire pour se protéger : rejeter la faute à l’autre, trouver des situations atténuantes, et être dans un biais cognitif : la dissonance cognitive. Qu’est-ce que la dissonance cognitive?
La dissonance cognitive, c’est quand votre cerveau se sent mal à l’aise parce que vos actions ne correspondent pas à ce que vous voyez ou pensez être juste, alors il essaie de trouver une excuse pour se sentir mieux. Nous pouvons également changer de comportement pour les aligner à nos pensées.
C’est vrai, qui aime s’entendre dire : Je suis sexiste. Je suis raciste .
Qui l’est ici ?
Je sais que, par expérience , la plupart des personnes diront : “non pas moi”.
C’est généralement ce qu’on me répond en début de mes formations.
A la fin, les avis ont bien changé.
Et ce n’est pas grave de l’être.
Ce qui va être plus grave, c’est de ne rien changer pour s’améliorer. Maintenant que vous savez, c’est à vous de transformer les choses.
Comment évaluez-vous votre leadership conscient ?
Je vous propose ici quelques affirmations qui vous permettront de vous situer sur vos pratiques d’auto-observation. Cochez les phrases qui vous correspondent :
Si vous avez cochez :
- au moins 8 phrases : bravo vous êtes en bonne voie
- entre 6 et 8 phrases :c’est super, vous pratiquez déjà l’auto-observation, continuez comme cela.
- moins de 6 phrases : est-ce que vous avez envie de continuer à progresser ?
Conclusion : S’auto-observer est une compétence indispensable pour leadership conscient
La prise de conscience de soi est un processus continu, dont les effets sur votre équipe sont immédiats et profonds.
A mon sens, c’est ce qui est le plus difficile à faire : conscientiser ses fonctionnements. Une fois que cela est fait, les 3/4 du chemin est fait. Le dernier quart est le plus long à emprunter, car elle est la partie qui nécessite la compréhension et le changement. Et vous le saurez mieux que moi, changer les habitudes n’est pas ce qui est le plus rapide.
Vous souhaitez développer un management plus conscient ? Mettez l’auto-observation en pratique dès aujourd’hui. Oserez-vous me contacter pour échanger sur ce qui vous questionne ?
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