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L’avis d’un employeur – La vie d’un employeur: Épisode 12 – Partie 2

Voici la deuxième partie de l’interview de Stéphane Vandecasteele (SV) de Maison GAC, axée sur les conditions de travail et de recrutement qui se veulent équitables.

Nous l’avons vu dans la première partie de l’article, Stéphane Vandecasteele déconstruit toutes les normes que l’on peut s’imposer lorsqu’on dirige une entreprise. Il nage à contre courant, ce qui lui permettra, j’en suis sûre, de prospérer, avec toutes les personnes qui le suivent dans ce courant, et non au détriment de ces personnes. Vous verrez dans cette deuxième partie comment il réussit, tout en se posant des limites afin de préserver le bien-être de tous et de partager la richesse humaine et matérielle de l’entreprise.

Des conditions de travail juste et équitable

Des horaires flexibles : Un équilibre entre vie pro & vie perso

La flexibilité des horaires de travail est un autre atout majeur de Maison GAC. Par exemple, une salariée parvient à équilibrer sa vie professionnelle et personnelle grâce à un horaire adapté de l’entreprise. « Elle s’organise… Le dimanche, elle est avec ses enfants toute la journée et lundi, elle a sa journée pour elle. Elle commence à midi, donc elle pose tous les matins ses enfants à l’école explique Stéphane Vandecasteele.

Stéphane Vandescastelle ne semble pas concevoir d’imposer des règles ou un fonctionnement qu’il ne s’appliquerait pas à lui même : “Le samedi, je suis en caisse avec mes salariés et des clients me demandent pour quelles raisons je n’ouvre pas le dimanche. Pas de problème. Je demande, je regarde mes équipes et je leur demande – “qui veut travailler le dimanche ? Personne ?” – Et on s’interroge de pourquoi je leur demande.

Maison GAC

Moi, je ne comprends pas ce qu’ils disent. Je discute avec des serveuses, des vendeuses qui travaillent les jours fériés ou le dimanche dans le quartier: “Mais vous travaillez ?” C’est parce que ça entretient finalement une scène de consommation, alors que si on n’avait pas ça d’ouvert, on profiterait juste des gens et du monde et de la nature … C’est génial.

Stéphane démonte également la raison économique qui est principalement mis en avant lorsqu’il est question des jours et horaires d’ouvertures : “As-tu fais les calculs ?” On me dit que non, que c’est tout vu en terme de rentabilité. Moi, je l’ai fait. Il faudrait que je fasse à peu près deux fois et demi le chiffre d’affaires que je fais. Ce n’est pas possible. On pense que je me trompe. Non, car SI on respecte le droit du travail, ce qui n’est pas forcément fait, il faudrait que mon salarié soit payé double et/ou qu’il puisse récupérer sa journée s’il le souhaite. « Oui, mais là, tu t’emmerdes » me répond -on”.

Voilà encore un argument qui met en avant la notion du droit du travail et de son importance dans le respect, les valeurs et le fonctionnement d’une entreprise.

L’engagement social de Maison GAC : Accompagnement des salariés

Stéphane Vandecasteele considère que les problèmes personnels peuvent avoir un impact direct sur leur bien-être et performance professionnelle, à juste titre. Il explique : « Je ne veux surtout pas les laisser dans des galères« . Lorsqu’un salarié rencontre une difficulté, qu’il s’agisse d’un problème d’assurance ou d’un crédit refusé, Stéphane n’hésite pas à intervenir personnellement pour les aider à résoudre ces situations, et ainsi il s’assure que les personnes ont l’esprit tranquille au travail.

Il prend un exemple : “ Une dame m’est rentré dedans en voiture, elle m’a demandé de changer quelque chose sur le constat. Je sens que quelque chose ne va pas. Je n’aime pas que l’on abuse de la gentillesse des gens, là, effectivement, je leur propose mon aide. Il y a un côté père de famille, peut-être que je ne devrai pas. En tout cas, il y a un côté prise en compte qu’on a des problèmes à l’extérieur et que les problèmes à l’extérieur peuvent venir entrer dans le professionnel et avoir un impact sur le travail. Mon idée de les aider là-dedans, ce n’est pas anodin, c’est de leur dire: “Pendant les sept heures où vous allez être là, oubliez ce problème. Moi, je vais le prendre, si vous voulez, pour vous. Je vais le gérer, parce que ce n’est pas très long”.

Il veille également à ce que ses salariés aient accès à des services bancaires appropriés, les encourageant à ouvrir des comptes dans des banques fiables pour éviter les retards de paiements et les tracas financiers. Il n’hésite pas à leur proposer d’intégrer la même banque que l’entreprise, ce qui facilite les démarches pour les salariés. Son objectif est clair : soulager ses salariés de ces soucis pour qu’ils puissent se concentrer pleinement sur leur travail. « Quand on va bien dans le perso, on va bien dans le pro, » résume-t-il, soulignant l’importance de cet équilibre. Pour lui, voir ses salariés arriver au travail dans une voiture neuve, financée grâce à leur emploi stable, et une banque qui leur fait confiance, est une source de satisfaction.

Garantir une proximité avec les salariés : La clé d’une gestion humaine et durable

Stéphane Vandecasteele a toujours maintenu une proximité avec ses équipes, même lorsqu’il gérait jusqu’à cinq mariages en un seul samedi soir. Il n’hésitait jamais à se rendre sur chaque site pour saluer ses équipes, assurant ainsi un lien direct avec chacun de ses employés. « Ce n’était pas de me dire : Celui-là, c’est trop loin, je n’y irai pas. Non, je passais voir tout le monde » explique-t-il.

Lorsqu’on lui demande comment il maintenait cette proximité avec 250 salariés, Stéphane répond sans hésitation que cela est non seulement possible, mais nécessaire. « Je pense que plus vous en avez, plus vous devez être proche d’eux. C’est un paradoxe, mais moi, je pense que c’est ça » affirme-t-il. Selon lui, la clé réside dans la communication directe et le respect mutuel, même lorsqu’il était un jeune dirigeant de 23 ans face à des personnes plus expérimentées.

Une culture d’entreprise basée sur la reconnaissance et l’évolution

1. L’importance de la reconnaissance

Tessa, une employée de longue date, souligne l’importance de l’ambiance et de l’équipe. « Sincèrement, l’équipe, après vous, j’en ai un super à fond. Après, L’ambiance léla«  partage-t-elle. Cette reconnaissance mutuelle contribue à renforcer le sentiment d’appartenance et la motivation des employés.

2. Des opportunités d’évolution

Mégane est un autre exemple de l’engagement de Maison GAC envers le développement de ses salariés : “La personne dont je vous parlais qui a commencé avec moi il y a six ans, elle était en plonge. Aujourd’hui, c’est mon bras droit. Elle a les clés de l’entreprise depuis trois ou quatre ans. On part souvent, en lui laissant la gestion”.

Cela montre que Maison GAC valorise les compétences et l’engagement plus que les diplômes.

Recrutement inclusif et diversité : Les défis et opportunités chez Maison GAC

Stéphane Vandecasteele a une vision inclusive du recrutement : “On essaye de recruter des personnes avec des parcours de vie pas forcément avec une petite vie bien rangée. Nous, dans notre cursus avec ma femme, on a eu des accidents de vie aussi, certains plus de longues que d’autres. Donc, on sait que ça nous a forgé. Aujourd’hui, il faut que ça marche, pour cela il faut aussi que ça fonctionne entre eux (l’équipe). Quand on recrute quelqu’un, on regarde le poste, mais on regarde aussi l’état d’esprit de la personne et ce que ça va coller au reste de l’équipe.

Il précise : “Nous, en entretien d’embauche, on leur dit qu’on est juste des révélateurs de talent. Le talent, il est forcément en vous. C’est à nous de le trouver. Et malheureusement, moi, j’ai des personnes avec qui ça ne colle pas. Ce n’est pas qu’ils n’ont pas de talent, c’est que je ne l’ai pas trouvé”. (Mettre en citation)

1. Recruter au-delà des préjugés à Maison GAC

Maison GAC s’efforce de dépasser les préjugés traditionnels dans le recrutement.

Stéphane Vandecasteele prend le parti pris pour la diversité et l’inclusion, ce qui renforce la richesse de l’équipe et ouvre de nouvelles perspectives.

La disponibilité : base du recrutement

SV : “ Il a fallu qu’on ait les codes. Une fois qu’on les a eu, c’était beaucoup plus simple. On arrive à sentir les gens maintenant et cela dès l’envoie du CV, lorsque l’on propose une rencontre dans la semaine. Vous avez des personnes qui disent: “Non, cette semaine, ça va être compliqué, j’ai des rendez-vous. Déjà ça part mal. C’est une personne qui a compris le système, et qui le garde.

Et après, vous avez celui qui dit : “Ouais, pas de problème, quand ? Demain, 10h00 ? Non, demain, ce n’est pas possible. On voit son heure, son jour. Vous voyez, c’est super compliqué parce qu’on sent déjà qu’il n’y a pas une volonté. Et puis, vous avez la personne qui va se rendre disponible tout de suite, celui qui arrivera à l’heure, e celui qui ne vient pas.

Donc, celui qui a passé toutes ces étapes, il y a 75% du casting qui est fait. Pour un peu que la personne soit apprêtée, qu’elle ait fait attention à ses vêtements. C’est juste d’arriver à l’heure à un rendez-vous, d’être impliquée dans les échanges d’y croire”

Reconnaître les qualités au delà des préjugés

Puis il ajoute : “ Après, les 25% qui restent, c’est le feeling de la personne.

Il nous donne un exemple : “Vous avez vu Etienne (le prénom a été modifié), le jeune avec nous ? Vous l’avez vu cette aura qui dégage, ce côté extraverti à mort ? C’est un garçon qui s’habille en fille. Il est arrivé le samedi soir à 20h00. C’est une fille, il vit son week-end de fille. Quand il est arrivé chez moi, il m’a présenté son CV. On lit le CV, j’ai été étonné qu’il soit au chômage. Il commence à m’expliquer: “Vous voyez bien, je n’ai pas les codes”. Il me dit : « Moi, un rendez-vous d’embauche, ça dure cinq minutes pour moi » Je lui ai répondu «  Écoutez, on va le faire dans l’autre sens. Moi, le rendez-vous, il va durer cinq minutes. Par contre, moi, je vous embauche. »

2. Maison GAC : L’intégration et la formation continue

L’intégration de nouveaux employés est facilitée par des programmes de formation continue. « On va leur faire un TOIC, ils vont valider des diplômes, » annonce Stéphane Vandecasteele

Stéphane a exprimé à plusieurs reprises l’importance qu’il porte à former et faire évoluer les personnes qui le souhaitent. Il a déjà mis en place divers initiatives afin d’assurer une montée en compétence constante et un renouvellement des pratiques professionnelles. Nous n’allons pas toutes les énoncer ici. Voici un résumé de ce qui est mis en place et les projets de Maison GAC :

Stéphane Vandecasteele me parle de la fidélité de ses salariés, dont la majorité est avec lui depuis le début. « La plupart sont avec moi depuis le départ, » souligne-t-il, précisant que plusieurs de ses collaborateurs ont cinq ans d’ancienneté, et certains même depuis le premier jour. Cependant, il adopte une approche différente avec ses apprentis : « Les apprentis, on ne les garde pas après. On les laisse partir dans un premier temps dans une autre entreprise. » Son objectif est de leur permettre de découvrir d’autres environnements de travail avant de potentiellement revenir, renforcés par de nouvelles expériences.

Stéphane encourage également l’ouverture à l’international, prévoyant un programme d’échange entre La Réunion et Cape Town. « Nos équipes vont passer neuf mois de formation ici… et passeront trois mois à Capetown » explique-t-il. Cette initiative permettra à ses salariés d’acquérir une expertise approfondie dans leur domaine, tout en découvrant une nouvelle culture et en surmontant la barrière linguistique. Ce programme est conçu pour offrir une perspective globale à ses collaborateurs, les préparant ainsi à des opportunités futures, tant localement qu’à l’international.

Le mot de la fin

Comme a mon habitude, j’aime demander aux employeurs interviewés ce qu’ils aimeraient dire aux personnes qui sont déçues par le monde du travail et par les employeurs

Stéphane Vandescasteele me répond : “ C’est compliqué., parce que quand on a vécu un échec pro, ce n’est pas le vélo. Le vélo, on tombe, on remonte, ça repart, mais là, c’est un peu plus compliqué.

Il faut juste choisir sa bonne boite. Le problème, c’est qu’en ce moment, il y a tellement de chômage, c’est qu’on n’a pas la possibilité de choisir. Aujourd’hui, moi, j’ai discuté avec des gens, ils me disent: J’ai pris ça. Ça ne me plaît pas, mais il n’y a rien d’autre. Donc c’est par dépit.

Je pense qu’il y a eu de l’abus. Après, moi, ce qui me rassure, c’est que je vois des grands groupes créoles qui avaient pris en surplus avec des quantités de boutiques qui sont tombées. C’est ces gens-là qui, quand on est arrivé il y a six ans, nous disaient : “Tu mets un métro à la tête, et les créoles en dessous” … Cela semble être une façon de fonctionner qui ne dure qu’un temps …

La minute permaculture au travail et biomimétisme avec Maison GAC

Comme à mon habitude, à chaque fin d’interview, je propose de piocher une carte “permaculture au travail”. J’ai d’ailleurs dédié une série d’article à cela. Si vous en avez pas encore lu, vous pouvez commencer par le premier en cliquant ici.

Commentaire de Stéphane Vandecasteele :

« Nous, on est un bel exemple. On a fait une erreur, on s’est trompé dans nos associés il y a quelques années. C’est un des plus gros échecs professionnels de notre vie. On aurait pu s’arrêter là. La plupart s’arrêtent là. Il y a même des gens pour qui c’est le suicide d’arriver à cela. On a passé dix ans de notre vie à travailler comme des acharnés dedans et le fait de tout perdre parce que vous tombez sur les mauvais associés qui coulent une boîte, logique la plupart que la plupart ne se relève pas. On a réussi, au contraire, à apprendre de ses erreurs. Aujourd’hui, il y a plein de trucs que j’aurais pu faire par le passé que je ne referai jamais ici. Moi, j’ai vu arriver des gens ici, ils m’ont dit: “nous, on est prêts à mettre un million sur la table pour développer avec vous la Maison Gac”. Cela, au détriment de nos valeurs. On a appris et on essaye de leur transmettre.

Comme dans la nature, où chaque élément a sa place et son rôle, chaque personne chez Maison GAC est considérée comme une pièce essentielle de l’organisation. Ce fonctionnement permet non seulement de valoriser chaque individu, mais aussi d’assurer une cohésion et une synergie au sein de l’équipe, et ainsi assurer une organisation durable.

Conclusion : Maison GAC – Un modèle de gestion à envisager

Maison GAC incarne une nouvelle façon de penser l’entreprise et le travail, en mettant l’humain et le bien-être au centre de ses préoccupations. L’entreprise semble avoir su créer un environnement de travail unique, où chaque salarié est valorisé et encouragé à se développer au même rythme que l’entreprise.

Le succès de Maison GAC démontre qu’il est possible de conjuguer rentabilité économique et respect des salariés, ouvrant ainsi la voie à un avenir professionnel plus durable et plus équitable. Les entreprises qui souhaitent prospérer à long terme gagneraient à adopter ces principes et à repenser leur approche managériale.

Si vous êtes un dirigeant ou une dirigeante d’entreprise, il est temps de réfléchir à comment vous pouvez intégrer ces concepts dans votre propre organisation, ou d’identifier comment vous le faites. En pariant sur le bien-être des salariés, vous investissez dans l’avenir de votre entreprise et du monde. Inspirons-nous de ces pratiques et construisons ensemble un monde du travail plus humain et plus respectueux.

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