You are currently viewing Le piston au travail : Mythe ou réalité dans les recrutements
rencontrer pour développer ses opportunités

J’ai régulièrement, voire systématiquement entendu parler de piston dans le milieu professionnel. Bien souvent, je l’entends de personne qui sont dans une situation de recherche d’emploi et qui éprouvent des difficultés à trouver du travail.

Comment définissez-vous le piston ?

Réfléchissez à ces situations, est-ce pour vous du piston si :

  • je recrute mon fils ou ma fille ?
  • je recrute le fils de … ou la fille de ….?
  • je recrute l’ami de mon amie …?

Un certain nombre de personne me diront que oui, c’est du piston. Comment faire la différence entre du piston et du réseau ?

Réseau ou piston
La puissance des rencontres : créer des opportunités

C’est vrai, on nous parle tout le temps de l’importance d’avoir du réseau professionnel. D’ailleurs Linkedin est populaire pour cela : développer son réseau professionnel.

Est-ce que développer son réseau professionnel ne commencerait pas par les personnes qui nous sont le plus proches ? Et, est-ce la meilleure des stratégies?

Je vous propose de réfléchir à cette idée tout au long de l’article.

Selon le robert :

Le piston est une pièce qui se déplace dans un tube et transmet une pression.

Le réseau quant à lui est un ensemble formé de lignes ou d’éléments qui communiquent ou s’entrecroisent

Ainsi, un réseau professionnel est un ensemble de personnes avec qui je peux communiquer pour permettre de croiser des informations, des éléments ou encore des besoins alors que le terme piston signifiera le fait d’appuyer quelqu’un sur un poste, un emploi par le biais d’une certaine pression.

Si nous reprenons nos questions du début, la réponse peut donc être oui ou non selon la façon dont cela s’est passé.

Si je suis la fille du plus gros client de l’entreprise que je vise, alors oui le futur employeur aura consciemment ou inconsciemment une certaine pression dans le fait de dire oui ou non à mon éventuel recrutement. J’aurais surement plus de chance d’être recrutée que la personne à côté qui n’a aucun lien financier direct avec l’entreprise.

En revanche, si je suis la fille de l’employée lambda de cette entreprise. L’employeur ne ressentira probablement pas de pression financière lors de son choix à me recruter ou non. Néanmoins, ça pourrait peut-être faire plaisir à son employée et lui permettre de travailler dans de meilleures conditions. Mais l’impact n’est pas directement lié à la survie de l’entreprise. Je pourrais alors parler de réseau professionnel.

Au final, c’est surtout une question de sémantique et de posture que l’on va prendre face à ces mécanismes. Le piston est souvent associé à une connotation négative, impliquant une avancée professionnelle non méritée due à des liens personnels plutôt qu’à des compétences. Ainsi, si l’on se sent pistonné, nous ne sentirons pas à notre place, ou pas suffisant, et cela même si nous avons un diplôme et/ou des compétences adéquats. Ou alors c’est également prendre le risque de ne pas se sentir à la hauteur, par prétexte que l’on a pas le diplôme requis, sans laisser la place au fait qu’on a toutes les compétences requises pour réussir à ce poste. En revanche, le réseau est perçu comme une démarche proactive de tissage de relations professionnelles bénéfiques et éthiques, où les compétences et les contributions individuelles sont valorisées.

Cette distinction sémantique n’est pas juste académique. Elle influence profondément la perception des employés sur leur lieu de travail, affectant leur motivation et leur engagement. Cela peut également affecter la cohésion d’équipe.

Clarifier ces termes aide à promouvoir une culture d’entreprise basée sur le mérite et la transparence. Il est également important de clarifier ces termes à soi-même pour se centrer sur ses propres capacités à réussir.

Trouver un travail ou un stage grâce à ses parents ou à sa famille : piston ou réseau ?

Prenons mon exemple. Mes parents ont toujours été de fidèles et bons clients d’un kiosque au bord de plage. J’ai toujours exprimé le désir d’y travailler l’été jusqu’à avoir l’âge de pouvoir le faire. J’ai naturellement fait un essai et j’y ai ensuite travaillé de mes 18 à 25 ans, pendant les vacances d’été. Etait-ce du piston ? Je n’avais clairement pas les compétences en restauration. Mes parents rapportaient de l’argent au kiosque, ça aurait pu. Mais soyons honnête … en plein juillet et août, sur les plages de Cannes … ce n’était pas mes parents qui faisaient le CA du kiosque. Néanmoins, si la responsable m’a gardé et me reprenait chaque année, c’est grâce à toutes mes compétences qui étaient en adéquation avec le poste, malgré le fait qu’au départ je n’avais aucune compétence technique.

Je n’ai jamais touché ou influencé par ces différences de sémantique, car pour moi tout est réseau du moment que je sais qui je suis, ce que je veux et ce que je vaux.

« N’attendez pas l’opportunité, provoquez la« 

Lisa Green Chaus

D’un point de vue éthique, le défi majeur dans l’utilisation des réseaux est d’assurer que tous les individus sont évalués selon leurs mérites plutôt que leurs connexions. Il est éthiquement louable de recommander quelqu’un que l’on connaît personnellement, à condition que cette recommandation soit basée sur une évaluation objective de ses compétences et de son adéquation au poste. Il est important d’encourager les organisations à développer des politiques claires où les chemins vers la réussite soient accessibles à tous et à toutes avec les mêmes chances, indépendamment de leurs réseaux et avis personnels. Cela inclut la mise en place de processus de recrutement transparents et équitables qui minimisent le risque de favoritisme.

Cette même année, de mon premier essai, je n’étais pas la seule à postuler, et j’ai eu un jour d’essai comme tout le monde. Qu’on se le dise, lorsque je parle ici de compétences, je parle de ce qui fait la singularité d’une personne. L’adéquation d’une personne ne se résume pas qu’à un diplôme ou à des expériences professionnelles bien précises.

Prenons l’exemple d’un recrutement que j’ai mené pour une entreprise. Comme pour tout recrutement, j’ai un process clair. A plusieurs reprises mon supérieur direct me soumet une candidature pour le faire passer en priorité dans mon process clair. Ne me voyant pas traiter la demande le jour même, il m’a précisé à plusieurs reprises l’importance de cette personne, de part son positionnement et ses affiliations. Je suis restée alignée à mes valeurs, mon éthique et mon code de déontologie.

J’ai traité cette candidature de la même façon que les autres et en expliquant ma démarche à chaque fois qu’il était nécessaire. Et vous savez quoi ? Je n’ai pas été licencié, bien au contraire, il en a été autrement ! Je précise cela, car bien souvent nous pouvons faire des choses pour lesquelles nous ne sommes pas en accord par peur. Peur de ce qui pourrait se passer. Je pense que l’alignement constant à une certaine éthique et à ses valeurs aura un impact positif plus important pour soi que le contraire.

Il n’est pas rare que le manque de succès dans la recherche d’emploi soit attribué par des personnes au ‘piston’ utilisé par d’autres. Focaliser exclusivement sur cette perception peut mener à une forme de procrastination et de victimisation. Je ne peux que vous encourager à investir dans votre développement personnel et professionnel et à élargir vos réseaux de manière authentique. Il sera fort à parier que cette stratégie sera plus productive que celle qui consiste à rester commentateur d’un système qui nous paraît injuste. Cela aide à transformer un sentiment d’impuissance en une opportunité de prise de contrôle sur sa propre carrière. L’idée étant de développer son pouvoir d’agir. D’autant plus que les opportunités d’emplois diffusées ne représentent que 30% du marché.

Si vous vous reconnaissez dans cette posture, soyez indulgent avec vous même. Ce n’est pas grave et c’est la preuve que vous êtes humains. Le plus difficile est de le reconnaître pour après travailler dessus. Vous n’êtes maintenant plus ignorant, et seul vous pouvez changer quelque chose. Essayez autrement. Apprenez à développer votre réseau, plutôt qu’à identifier le piston des autres. D’ailleurs, maintenant, entrainez-vous à contre-carrer vos croyances. Vérifiez si ce que vous identifiez être du piston ne serait pas du réseau …

Utiliser le réseau comme une stratégie de recrutement nécessite de l’habileté pour s’assurer que cela reste une pratique équitable. Faire appel à des experts / expertes du recrutement peut être une manière de s’assurer de cela. Cela implique de former les recruteurs à reconnaître leurs propres biais potentiels et à valoriser la diversité des profils et des compétences. Un environnement où les meilleures idées et les meilleurs talents peuvent émerger et être reconnus ne devrait pas seulement être créé par un réseau efficacement utilisé mais également servir à recruter des individus.

Développer les opportunités ne devrait-il pas être une compétence valorisée?

N’hésitez pas à visionner cette vidéo de 3 minutes 30 de Lisa Green Chau. Elle souligne que chaque conversation est une opportunité. “N’attendez pas l’opportunité, provoquez la”. Et pour cela elle propose 3 actions :

  • Toujours dire oui aux invitations / événements, même si vous ne savez pas trop pourquoi
  • Quand vous voulez quelque chose, faites le savoir à tout le monde avec qui vous entrez en contact
  • Allez vous présenter en personne et souvent. Il est important que l’on se rappelle de vous.

Lisa Green Chau a d’ailleurs écrit un livre ”Small Talk Techniques”. Le small talk aide les personnes les plus introvertis à entamer des échanges et faciliter les rencontres.

La distinction entre piston et réseau est plus qu’une question de sémantique ou d’éthique. Elle est fondamentale pour la construction d’un milieu de travail juste et productif. Cela est également indispensable pour développer la confiance en soi et ses compétences à la recherche d’emploi. Cela est vrai que l’on soit en recherche d’emploi ou déjà salariés cherchant de nouveaux horizons. Encourager une réflexion continue sur ces sujets contribue non seulement à un meilleur environnement professionnel, mais aussi à une société plus équitable.

Je vous encourage à commenter vos avis et vos expériences. N’hésitez pas à partager l’article si vous l’avez trouvez pertinent. En plus d’aider le blog à vivre, cela permettra également d’agir en faveur d’une société plus équitable.

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Cet article a 10 commentaires

  1. Marlène

    Merci pour cet article qui remet bien les choses en perspective 🙂

    1. Sarah Amoros

      Merci à toi pour avoir pris le temps de lire et commenter l’article. Remettre les choses en perspective est exactement l’intention de ce blog. Ravie de lire que cela fonctionne 🙂

  2. Jackie

    J’ai eu l’occasion de faire embaucher des personnes de mon entourage. Bien entendu, je m’assurais de leur sérieux car je ne voulais pas non plus avoir de soucis. Quand un patron vous fait confiance et que vous lui présentez une personne, il doit penser que cette personne est « sûre ». Par contre, j’ai vu aussi des collègues faire embaucher des personnes non sérieuses et c’est la galère pour le patron et l’équipe. Merci pour ton article qui est très clair à ce sujet.

    1. Sarah Amoros

      Bonjour Jackie,
      Merci pour le partage de ton expérience. Effectivement « se louper » dans un recrutement a des conséquences plus ou moins importantes dans les organisations de travail.

  3. Eric

    Très intéressant cette distinction entre piston et réseau car parfois la ligne qui les sépare est très fine.

    1. Sarah Amoros

      Exactement, c’est fin … l’idée étant d’être alignée à ses valeurs et à ses compétences. Et surtout, de faire en sorte de réussir plutôt que de laisser à l’autre et aux circonstances ce pouvoir de décider à notre place 😉

  4. Anick

    Interessante cette distinction entre piston et réseau. Je n’avais pas vu les choses sous cet angle ! Mes deux fils sont étudiants, et grâce à leurs stages s’il se construisent un réseau, conscients que c’est fondamental pour trouver un emploi. Les écoles aussi permettent la création de ces réseaux. Réseau et compétences sont les deux clés pour trouver un emploi dans lequel on peut s’épanouir

    1. Sarah Amoros

      Effectivement les stages et immersion sont une super approche et moyens de développer son réseau. Ce sont des outils qui ne sont pas forcément pris et creusé de cette façon.

  5. Merci pour votre article qui nous propose de distinguer la notion de piston de celle de réseau.

    Il souligne qu’il est préférable de développer son propre réseau de manière stratégique et authentique, plutôt que de rester focalisé sur la perception d’injustice liée aux pistons. Le réseau peut être vu comme une compétence clé dans sa recherche d’emploi.

    Sur le plan éthique, je retiens que votre article encourage à respecter des processus de recrutement transparents et équitables, en recommandant des personnes sur la base de leurs mérites.

    En résumé, cet article apporte un éclairage intéressant sur la différence entre piston et réseau, et invite le lecteur à adopter une posture proactive dans le développement de son propre réseau professionnel.

    1. Sarah Amoros

      Merci pour ce commentaire. En effet, l’idée étant de faire bouger les lignes et d’inciter les personnes à prendre du recul pour agir au mieux pour soi et pour ses objectifs.

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