Savons-nous vraiment à quel point la perception de justice impacte la santé au travail des salarié·es ? De nombreuses recherches en psychologie du travail ont démontré que l’injustice est un puissant facteur de stress qui peut avoir des conséquences graves sur le bien-être physique et psychologique des salarié·es.

En quoi le sentiment d’injustice impacte t-il la santé au travail ?

La sensation d’être traité de manière injuste ne se limite pas à une frustration passagère. Une méta-analyse menée par Robbins, Ford et Tetrick (2012) a révélé des liens clairs entre les différentes dimensions de la justice organisationnelle et la santé des salarié·es.

📌 Quelques chiffres marquants :

(ces chiffres sont issus du livre “psychologie de la bientraitance professionnelle” de Jean-Luc Bernaud, Pascale Desrumaux, Dominique Guédon)

Nos structures primitives de notre cerveau s’activent pour signaler le plaisir d’un traitement juste ou à l’inverse la difficulté qu’il a a accepter un traitement injuste (Tabiboa, Satpute et Lieberman, 2008). Est-ce que cela veut-il dire que nous sommes fondamentalement fait pour réagir et préférer la justice ? Ce qui est sûre c’est que cette valeur semble être fondamentale et elle a un impact direct sur notre santé physique et psychique :

• L’injustice organisationnelle est directement corrélée au stress, aux émotions négatives et aux troubles psychologiques chroniques comme l’anxiété ou la dépression (corrélation de .35).
  
• La justice distributive, qui concerne la perception d’un partage équitable des ressources et des récompenses, a le lien le plus fort avec la santé mentale (corrélation de .40).
  
• La justice procédurale, qui concerne la transparence et la clarté des processus de décision, influence particulièrement la santé physique (corrélation de .25) et les comportements malsains (corrélation de .17).
  
• La justice interactionnelle, qui concerne la qualité des relations et le respect des individus, est fortement liée au risque de burnout (corrélation de .36).

Comment améliorer la perception de justice pour améliorer la santé au travail ?

La bonne nouvelle, c’est qu’il n’est jamais trop tard pour bien traiter ses salarié·es !

💡 L’étude de Greenberg (2006) sur les insomnies a démontré que des interventions favorisant un climat plus juste peuvent réduire les effets négatifs du stress et améliorer la santé des salarié·es.

Qu’est ce qui peut être préconisé pour améliorer la perception de justice en entreprise ?

✅ Comprendre l’intérêt d’être juste et équitable. Notons quand même ici que vouloir améliorer la perception de justice, passe forcément par se remettre en question : le suis-je ? et remettre en question ses pratiques. L’intérêt doit être pur si je puis dire, et non pas être une énième action de marketing pour du bien-être washing 🙂 (oui je pense avoir inventé le mot).

✅ Former les managers aux principes de justice : Une étude menée par Skarlicki et Latham (2005) montre que les formations à la justice organisationnelle aident les supérieur·es hiérarchiques à adopter des comportements plus justes et équitables au quotidien. (#remise en question et conscientisation de ses propres comportements).

✅ Rendre les décisions plus transparentes : Clarifier les critères de promotion, d’augmentation salariale et de répartition des ressources renforce la confiance des salarié·es.

✅ Créer un espace de dialogue : Permettre aux salarié·es de s’exprimer sur leur perception de justice et prendre en compte leurs retours améliore le climat de travail.

✅ Valoriser la reconnaissance et le respect : La façon dont un·e manager communique, écoute et traite ses équipes influence fortement la perception de justice interactionnelle.

Pourquoi la santé au travail est une priorité pour les entreprises ?

💡 Une organisation perçue comme juste gagne sur tous les plans permet  :

✔️ Moins de burnout et de stress chronique

✔️ Une meilleure productivité et un engagement accru

✔️ Moins de turn-over et un climat social apaisé

✔️ Une image d’employeur attractif (réellement)

À l’inverse, ignorer la perception de justice peut mener à des conséquences lourdes : absentéisme, désengagement, augmentation des risques psycho-sociaux… et, in fine, une baisse de performance globale.

Conclusion : Un levier sous-estimé, mais puissant

La justice organisationnelle ne doit plus être un concept abstrait, mais un véritable pilier des politiques RH et managériales. Former, écouter et agir sont les clés pour un environnement de travail plus sain et plus performant.

👉 Et vous ? Avez-vous déjà été formé.e à identifier les formes d’injustices et à les réguler ? Comment votre entreprise aborde-t-elle cette question ?

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