Le courage managérial… Voilà un terme que l’on entend de plus en plus dans le monde du travail. Pour ma part, c’est un terme que j’utilise régulièrement pour mettre en avant certains dysfonctionnements. Mais qu’est-ce que cela signifie réellement ? Qu’est-ce que j’entends par “courage managérial ” ? Est-ce simplement avoir la capacité de prendre des décisions difficiles ? D’affronter les conflits ? Ou est-ce bien plus que cela ?

Aujourd’hui, dans un environnement de travail en perpétuelle mutation, où l’incertitude et la pression sont omniprésentes, le courage managérial ne se limite pas à la prise de risque ou à l’autorité. Il s’agit avant tout d’oser être un leader authentique, de poser des actes cohérents avec ses valeurs, et d’assumer ses responsabilités, même, et surtout, QUAND c’est inconfortable.

Briser les idées reçues sur le courage managérial

Il pourrait y avoir un quiproquo … un malentendu qui considérerait que le courage managérial soit cette capacité à imposer des décisions aux équipes, peu importe les risques, du moment que les règles imposaient du dessus se mettent en place. Il peut être associé à une posture autoritaire ou à un management rigide où le leader impose ses décisions sans considération pour ses équipes. Ce n’est pas ce que j’entends lorsque j’emploie ce terme. Ce terme désigne un.e manager courageuxe qui n’est ni un.e despote, ni un.e leader laxiste qui évite les conflits. Iel est cellui qui saura dire non quand il le faut.

Le courage managérial, c’est quoi exactement ?

Le courage managérial peut se définir comme la capacité à prendre des décisions et à agir avec intégrité, même en présence d’incertitude, de résistance ou de peur. Concrètement, cela se traduit par être capable de :

• Prendre des décisions impopulaires lorsque cela est nécessaire, dans l’intérêt de l’équipe et de l’organisation.
  
• Remettre en question le statu quo, même lorsque les habitudes établies empêchent l’innovation et l’épanouissement des collaborateurices.
  
• Encourager l’authenticité et l’écoute active, en favorisant un climat de confiance et de dialogue sincère.
  
• Dire les choses : affronter les tensions et les non-dits au lieu de les contourner.
  
• Assumer ses erreurs et les reconnaître au lieu de les masquer.
  
• Soutenir ses équipes face aux pressions extérieures, au lieu de se réfugier derrière la hiérarchie.

Ce n’est pas un hasard si tant de managers peinent à incarner ces postures. Car, soyons honnêtes, le courage a un coût. Il implique d’accepter le risque du conflit, du rejet, du doute

Pourquoi est-il si difficile d’être un.e manager courageuxe ?

De nombreux obstacles empêchent encore l’expression du courage managérial dans les entreprises :

1. La peur du conflit : Dans certaines organisations, les managers sont encouragé.es à éviter les tensions plutôt qu’à les résoudre activement. Au delà d’être encouragé.e à cela, certaines personnalités ont réellement beaucoup de mal à gérer le conflit. Je ne vais pas m’attarder ici (et ça sera peut-être l’objet d’un autre article) sur des analyses cliniques, mais en gros, nous avons appris à plus ou moins gérer les conflits, durant notre enfance et notre vie. Un.e manager ne se construit pas différemment que les autres, et est confronté.es aux mêmes problématiques humaines. Si un travail sur soi n’est pas initié … cette problématique peut limiter les interactions et les compétences sur ce poste.
   
2. Les contraintes organisationnelles et politiques : La hiérarchie, la pression des résultats ou l’envie de plaire à tous peuvent limiter la prise d’initiative.  La peur du jugement et des représailles sont des sentiments souvent ressentis dans les organisations, d’autant plus dans les institutions. Prendre position peut déranger, et certain.esmanagers craignent de se mettre en porte-à-faux avec leur propre hiérarchie.
   
3. Le poids de la culture d’entreprise : certaines organisations favorisent la conformité et l’évitement des conflits plutôt que l’expression authentique et la prise de responsabilité.
   
4. Le confort du statu quo : il est souvent plus facile de ne rien dire, de ne pas agir, de laisser les choses suivre leur cours. Bonjour le biais du statu-quo.
   
5. Le manque de formation : le courage managérial n’est pas un talent inné, c’est une compétence qui s’apprend et se développe. Nous pourrions retrouver ici des formations à la CNV (communication Non Violente), l’assertivité, la compréhension et gestion des émotions, la gestion des conflits, … C’est aussi une compétence qui tire ses sources de ses apprentissages. La théorie est facile à apprendre, la mise en oeuvre demandera plus d’efforts et d’énergies. L’outil que je trouve le plus adapté ? La thérapie !
   

Les impacts du courage managérial sur la qualité de vie au travail

Favoriser un climat de confiance et d’authenticité

Instaurer un climat où la communication est transparente et honnête permet aux collaborateuricess de se sentir écouté.es et respecté.es. Cette confiance mutuelle facilite la dynamique collective et permet d’éviter la méfiance ou les tensions latentes.

Un.e manager courageuxe sait :

• Assumer ses responsabilités en cas d’erreur, plutôt que de chercher un coupable.

• Encourager les discussions ouvertes.

• Accepter les idées nouvelles, même si elles remettent en question ses propres décisions.

Un climat de confiance fortifie l’engagement et la motivation des salarié.es, favorisant ainsi leur bien-être quotidien.

Prévention des risques psychosociaux grâce au courage managérial

Les risques psychosociaux (RPS), tels que le stress, l’épuisement professionnel et le harcèlement, constituent des menaces sérieuses pour les entreprises. Un leadership courageux est un rempart contre ces problématiques.

Grâce à son écoute et à sa proactivité, lia manager joue un rôle clé dans la détection et la prévention des risques psychosociaux en :

• Identifiant rapidement les signes avant-coureurs de stress ou de détresse.
• Encourageant les feedbacks et les discussions ouvertes.
• Prenant des mesures adaptées pour améliorer les conditions de travail.

Un effet levier sur l’engagement et la motivation des équipes

Les collaborateurices sont plus investi.es lorsqu’iels perçoivent leur manager comme un.e leader courageuxe et inspirant.e. Iels vont davantage ressentir :

• Un sentiment de reconnaissance pour leurs efforts et contributions.
• Une autonomie renforcée, qui favorise prise d’initiative et innovation.
• Une meilleure cohésion d’équipe, en réduisant les tensions et en stimulant les échanges constructifs.

Comment cultiver son courage managérial ?

Heureusement, il est possible de développer cette posture de manière progressive et concrète. Voici quelques pistes :

• Apprendre à reconnaître ses peurs : les managers courageuxe ne sont pas celleux qui n’ont pas peur, mais celleux qui savent la dépasser. Quels sont vos freins ? Qu’est-ce qui vous retient d’agir ? (c’est là où un.e psychologue peut vous aider). L’empathie, la gestion du stress et l’assertivité doivent devoir vos meilleures amies.
  
• S’entraîner à dire les choses avec bienveillance : affirmer une position ne signifie pas être brutal.e. Il s’agit de trouver les bons mots pour poser des limites, exprimer des attentes ou adresser des conflits. Nous retrouvons ici une compétence qui va participer à un sentiment de justice interactionnelle.
  
• S’appuyer sur des valeurs solides : un.e manager courageuxe sait pourquoi iel agit. Avoir une vision claire de ses valeurs et de celles de son organisation permet d’orienter ses décisions.
  
• Développer l’écoute active : être courageux.se, c’est aussi être capable d’entendre des avis divergents sans se braquer.
  
• Oser prendre des décisions, même imparfaites : vouloir attendre la perfection avant d’agir est une illusion. Il faut savoir avancer malgré l’incertitude. Il est naturel d’avoir peur de prendre des décisions impopulaires, mais l’inaction peut se révéler bien plus délétère. Pour cela, vous pouvez notamment vous appuyer sur des faits et des analyses pour prendre vos décisions, comprendre que faire l’unanimité n’est pas une obligation, les divergences aident même à perfectionner ses décisions. Et enfin, faire des erreurs, et apprendre.
  
• Se former et s’entourer pour progresser : Développer son courage managérial est un processus continu. Pour renforcer cette posture, il est recommandé de se former tout au long de sa vie. L’accompagnement en développement personnel (il y a 1001 outils, dont la thérapie, le coaching, …), les échanges font partis du processus de formation.

Le courage managérial : un levier puissant pour l’entreprise

Le courage managérial est une compétence clé dans un monde du travail en constante évolution. Plus qu’un atout personnel, il est un levier stratégique qui permet aux entreprises de bâtir des organisations performantes, humaines et résilientes.

Encourager un leadership courageux, c’est investir dans un management authentique et inspirant qui stimule l’innovation, réduit les risques psychosociaux et favorise un engagement durable des équipes.

Et vous, où en êtes-vous ?

👉 En tant que manager, avez-vous déjà vécu une situation où il vous a fallu du courage pour agir ?

👉 Quels sont les freins qui vous empêchent d’être pleinement courageuxe dans votre management ?

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