La spiritualité dans les organisations de travail

La spiritualité dans les organisations de travail : qu’est ce que c’est encore cette histoire ? Vous vous posez sûrement la question et c’est une question très sérieuse.

Cet article m’a été inspiré des travaux de M. Chevallier, N. Bailly, A. Ameline, D.B King et N. Roussiau paru dans la revue “Psychologie du travail et des organisations 32 (2025) 107-125.

La spiritualité en entreprise, ce n’est pas (encore) un sujet grand public. Et pourtant, plusieurs travaux montrent que la prise en compte de la dimension spirituelle peut être un levier de performance éthique, de bien-être et de transformation organisationnelle.

Pourquoi s’y intéresser maintenant ?

Parce que les crises contemporaines — sanitaires, écologiques, existentielles — viennent ébranler les fondations mêmes du travail : son sens, sa place, son utilité.

Au delà de cela, notre société occidental, notre fonctionnement capitaliste c’est coupé de beaucoup de choses : de la nature, de nos émotions, des choses que l’on ne peut pas voir, ni toucher (il n’y a qu’à observer le recul de la pratique religieuse dans notre pays). D’autres pays, d’autres civilisations vivent autrement, et vivent très bien d’ailleurs comme cela (jusqu’à ce que des personnes vivant autrement viennent leur dire que leur façon de faire « n’est pas la meilleure », « est arriérée »…
Cela est un avis très personnel, influencé par mes lectures, mes (pauvres) recherches (car il y a tellement à lire !!) et surtout par ma capacité à écouter, à voir, à sortir de ma grille de lecture. Vous savez ? Cette grille de lecture qui se construit par ce que l’on apprend, de notre société, de notre entourage, …

Je pars du principe que personne ne tient la vérité vraie (bien que chacun d’entre nous pensons que notre vérité est la vérité vraie) et nous je pense quand même que nous pouvons observer un désir de retour à la terre, à la sobriété, à la connexion à quelque chose, que ce soit la nature, les gens … Il faut quand même noter que rien n’est fait pour exister à l’extrême, les limites finissent toujours par nous rattraper. Si c’est un sujet qui vous parle, je vous invite à lire ma série d’article que la permaculture au travail en cliquant ici : https://kisa-conseil.com/synthese-de-30-principes-de-permaculture-appliques-au-travail-guide-complet-pour-les-entreprises/.

Les entreprises voient émerger de plus en plus de quêtes de sens au travail, des besoins de cohérence entre vie personnelle et valeurs professionnelles, une volonté d’agir en accord avec ce qui nous dépasse (écosystèmes, humanité, avenir…). Bizarre non ?

C’est dans ce contexte que l’intelligence spirituelle, entendue comme capacité à relier les actions quotidiennes à une finalité plus profonde, devient pertinente.

Un champ de recherche en pleine expansion

Les travaux de Giacalone & Jurkiewicz (2003), ou encore ceux de Robert A. Emmons, ont ouvert la voie à une réflexion sérieuse sur la “Workplace Spirituality”, c’est-à-dire la manière dont les dimensions spirituelles — au sens de quête de sens, de valeurs, d’authenticité — influencent les comportements au travail.

Voici ce que disent certaines études internationales :

  • Une meilleure qualité relationnelle dans les équipes (Rego & Cunha, 2008)
  • Une augmentation de l’engagement et de la satisfaction au travail (Ashmos & Duchon, 2000)
  • Un impact positif sur le leadership éthique et transformationnel (Fry, 2003)
  • Une résilience accrue face au stress et aux incertitudes (Pargament, 1997 ; Van Dierendonck & Mohan, 2006)

En somme : ce n’est pas un concept « new age » , mais une variable de plus en plus étudiée, validée et utile. Et quand bien même ça serait « new age ». Quel est le problème à définir quelque chose de « new age »? Pourquoi ce terme fait autant polémique ? Et si cela permettait d’avancer encore un peu plus vers la quête du vivre ensemble et vivre bien ? Quelles sont les problématiques ? Pour quelles raisons cela dérange ? Je me demande parfois si cela ne dérange pas ceux et celles qui ne trouvent pas une certaine paix intérieure … Il est toujours plus facile à ce moment là de critiquer plutôt que de se questionner …

En France : encore frileux, mais pas absents

L’article de Chevallier et al. (2025) marque un tournant important, en proposant une adaptation francophone validée de l’échelle SISRI-23, qui évalue l’intelligence spirituelle autour de 4 dimensions :

  1. La pensée critique existentielle
  2. La production de sens personnel
  3. La conscience transcendantale
  4. L’expansion de l’état de conscience

On peut enfin l’étudier sérieusement chez nous, avec des outils fiables.

Et que disent les premiers résultats ?

  • Corrélations positives avec l’épanouissement des individus et leur niveau d’intelligence spirituelle
  • C’est un moyen supplémentaire de développer le bien-être et la performance des salarié.es et des organisations.
  • Corrélations négatives avec le stress perçu et les comportements d’évitement
  • Une meilleure capacité d’adaptation face aux enjeux de changement ou d’incertitude

Peut-on vraiment intégrer la spiritualité au travail ?

Ce qu’il faut retenir est que la spiritualité, dans une approche contemporaine et non confessionnelle, renvoie à la dimension intérieure de l’être humain, à sa quête de sens, de cohérence et de lien avec quelque chose de plus vaste que lui. Elle ne se réduit pas à la religion : elle concerne la manière dont chacun·e cherche à donner du sens à son existence, à vivre selon ses valeurs profondes, et à se relier au monde avec conscience.

Ces approches font de la spiritualité un levier d’adaptation, d’unification de soi et de développement personnel — avec des résonances évidentes dans le monde du travail.

Les risques : spiritualité instrumentalisée ou imposée

Comme toute tendance émergente, il existe des risques d’appropriation maladroite ou d’injonction paradoxale :

  • Des managers qui parleraient de “sens” tout en pressurant leurs équipes
  • Des entreprises qui imposeraient une “vision transcendante” commune, au risque de heurter la diversité des croyances
  • Des outils “pseudo-spirituels” sans validation scientifique (encore un business juteux de plus ?)

Un peu comme il est déjà utilisé les sujets de la QVCT (Qualité de Vie et Conditions de Travail), de RSE (Responsabilité Sociétal des Entreprises), le bilan carbone … comme un beau papier cadeau …

➡️ La spiritualité ne peut ni être imposée, ni être réduite à une stratégie RH. Elle suppose de la nuance, du respect et de l’éthique. La dimension spirituelle se retrouve déjà dans ces entreprises qui oeuvrent pour l’humanité, pour l’environnement en conscience.

Les apports possibles : une intelligence au service de l’humanité au travail

Mais intégrée intelligemment — sans prosélytisme ni dogme (car cela serait de la religion et non de la spiritualité)— la spiritualité peut :

  • Aider à naviguer dans les dilemmes éthiques
  • Soutenir les pratiques de leadership conscient
  • Favoriser un climat d’entreprise où chacun·e peut être aligné·e avec ses valeurs profondes
  • Renforcer le sentiment de contribution, trop souvent absent dans les organisations taylorisées (institutions françaises bonjour :)) .

Les psychologues du travail (enfin … la psychologue du travail que je suis, car je sais que d’autres ne seront pas du tout de ce courant) peuvent jouer un rôle clé ici :

  • En évaluant les effets d’une telle approche sur le vécu subjectif des salariés (sachant qu’un vécu subjectif d’une personne est objectif pour elle, de manière individuelle).
  • En formant les leaders à des postures plus réflexives et humaines
  • En intégrant la spiritualité dans les dispositifs de prévention des RPS, de QVCT, sans tomber dans le dogmatisme
  • Prévenir les violences subit face à des changements brutaux, ou des rupture de carrière.

Conclusion : La spiritualité, une voie à explorer, avec rigueur et humanité

L’intelligence spirituelle n’est pas un gadget. Elle représente une des dimensions les plus profondes de l’être humain, longtemps mise de côté dans le monde professionnel, mais pourtant essentielle pour relever les défis actuels.

C’est une voie de conscience, d’unification et d’éthique que les organisations peuvent choisir d’explorer, pas pour “performer plus”, mais pour retrouver du sens, de la cohérence et une boussole intérieure collective.

La suite ? D’autres articles à venir sur :

  • Comment mesurer concrètement l’intelligence spirituelle au travail
  • Les liens entre spiritualité, éthique managériale et leadership
  • Des cas concrets d’organisations qui intègrent ces dimensions


    Et vous ? Vous en pensez quoi de la spiritualité en entreprise ? J’adorerai avoir votre avis et cela permettrait de faire vivre ce blog ainsi que les sujets que je traite.
Sarah Amoros

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Parlons-en ! Je suis Sarah Amoros, psychologue du travail depuis plus de 10 ans. J’accompagne les entreprises dans la mise en place de pratiques équitables pour un climat de travail plus serein et performant. Contactez-moi pour en discuter !

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