You are currently viewing La maison GAC : Un vision différente de l’entreprise

L’avis d’un employeur – La vie d’un employeur: Épisode 12 – Partie 1

Stéphane Vandecasteele (VS) de la Maison GAC, à Saint Pierre (La Réunion) nous parle de sa vision différente de l’entreprise.

Voici donc la 12ème interview de mon challenge : 30 interviews en 3 mois. Je n’ai réussi à en faire que 15. Sachant que je fais ça à côté d’une activité que j’adore qui me prend en moyenne 40h par semaine … 15 c’est déjà top. Si vous ne l’avez pas encore lu, retrouvez mon article bilan de ce challenge en cliquant ICI.

Replonger dans l’interview de Stéphane Vandecasteele de Maison GAC pour écrire cet article a été un réel plaisir. Il y a tellement d’informations en cohérence avec mes convictions, que l’article complet fait 9 pages. Ne voulant pas minimiser certains aspects, j’ai décidé de faire cet article en 2 parties. La première partie tourne autour des valeurs de Maison GAC et la deuxième sur les conditions de travail et les recrutements.

Je vous laisse découvrir les coulisses de Maison GAC.

Maison GAC

Faites des erreurs, redonnez une place légitime à l’échec et accompagnez les salariés à créer leur solution

STÉPHANE VANDECASTEEL

Cet article explore comment l’entreprise Maison GAC a réussi à développer ces principes en succès concret. Nous verrons encore dans la partie 2 que le fonctionnement de la Maison GAC s’inspire (sans le savoir) des lois de la nature et du biomimétisme pour créer un environnement de travail où le respect et le développement personnel sont au cœur de la stratégie.

Les fondations du succès de Maison GAC : un parcours inspirante

L’interview de Stéphane Vandecasteele, fondateur de Maison GAC, révèle des pratiques inspirantes et innovantes. En plaçant l’humain, les talents et le partage équitable au cœur de sa gestion, Maison GAC offre un exemple convaincant de la manière dont les entreprises peuvent évoluer et satisfaire tant, la direction, les salariés et leurs clients.

1. L’histoire de Stéphane Vandecasteele

SV : “J’avais plaisir à recevoir les amis de mes parents, à leur faire des belles tables, leur faire à manger. C’est vraiment une passion de gamin”.

Stéphane Vandecasteele, aujourd’hui âgé de 52 ans, a toujours su qu’il voulait faire carrière dans l’hôtellerie. Dès l’âge de 12 ans, il ressent une véritable passion pour ce domaine, malgré l’opposition de ses parents qui préféraient le voir suivre une voie plus académique, comme ses frères et sœurs devenus maîtres de conférences ou avocats, “les études me saoulaient” explique Stéphane. Après la perte de son père à 18 ans, Stéphane s’engage pleinement dans cette vocation en intégrant une école hôtelière.

Pendant ses études, il crée sa première entreprise pour pallier les manques qu’il observait dans le secteur des traiteurs, notamment l’absence de serveurs et de cuisiniers compétents. Parallèlement à ses études et à son service militaire, où il a la chance de gérer les réceptions auprès d’un général cinq étoiles, Stéphane développe son entreprise, offrant des services clés en main bien avant que le concept de wedding planner ne devienne populaire : “J’organisais des produits clé en main”.

À 21 ans, il lance officiellement son entreprise, qui emploie rapidement 250 personnes par week-end pour gérer plusieurs événements simultanément. Toutefois, après trois ans, il décide de vendre son entreprise pour se rapprocher de sa famille en Bretagne, influencé par l’esprit familial chaleureux de celle de sa femme. Malheureusement, l’entreprise qu’il avait bâtie avec tant de passion échoue après la vente, soulignant combien le succès d’une entreprise dépend souvent de la personne qui la dirige …

2. Le goût d’entreprendre humainement

Après avoir vendu sa première entreprise, Stéphane Vandecasteele et sa femme se lancent dans la gestion de franchises de marques de prêt-à-porter en Bretagne, avec des magasins à Brest, Quimper et Lorient. Leur approche reste la même : une présence quotidienne et un engagement fort auprès de leurs équipes. Cependant, leur désir de retourner dans la restauration les conduit à créer un concept de restaurant. Ils développent plusieurs établissements, mais un mauvais choix d’associé entraîne la perte de tout ce qu’ils ont construit.

Face à cet échec, ils décident de tout quitter et de s’installer à La Réunion pour un break d’un an, avec un projet de rachat d’un restaurant au Québec, pour la suite. Cependant, leurs enfants s’adaptent tellement bien à leur nouvelle vie à La Réunion qu’ils décident de rester. Avec cette décision, ils abandonnent le projet québécois et se lancent dans une nouvelle aventure entrepreneuriale sur l’île.

Le succès n’est pas définitif, l’échec n’est pas fatal. C’est le courage de continuer qui compte. – Winston Chuchill –

Partant de zéro, ils rachètent une entreprise en redressement judiciaire, et se spécialise dans la fabrication de glace. Bien que Stéphane a peu d’expérience dans ce domaine, il est convaincu qu’il y a un marché à exploiter, surtout face à la concurrence limitée et industrielle. Ils montent une nouvelle équipe et développent leur entreprise, passant de 3 à 17 salariés. Grâce aux défis, leur persévérance les conduit à réussir dans ce nouveau domaine.

3. Le respect des salariés

« Déjà, respectez le droit de travail.«  Cette phrase de Stéphane Vandecasteele résume l’une des bases incontournables du travail. Respecter les droits des salariés est la base pour instaurer un climat de confiance. Chaque salarié chez Maison GAC sait qu’il peut compter sur un traitement juste et équitable et durable, ce qui se traduit par une motivation et un engagement accrus.


💡 C’est fou qu’en 2024 on en est toujours à mettre en avant que respecter le droit du travail est la première chose à faire. Cela ressort dans quasi toutes les interviews. Ces entreprises se rendent compte elles-mêmes qu’ailleurs les problématiques démarrent déjà d’un non respect du droit du travail


SV : “Quand vous discutez avec une personne qui travaille le jour férié, dans le quartier on vous dit : on nous l’oblige. La plupart du temps, là, les gens ne sont pas payés il le devrait.

Respectez le droit de travail c’est la première des choses à faire pour que votre salarié se sente en confiance. Parce qu’aujourd’hui, la fiche de paye qui arrive le 14 du mois, le salaire qui suit le 12 … il ne faut pas oublier que toutes vos équipes, elles ont un loyer à payer, elles ont un emprunt, elles ont des charges, elles les payent. Si effectivement, le salaire ne tombe pas à date fixe, ils font comment ? Ça, c’est la base. Les équipes ont des devoirs, mais elles ont énormément de droit qui sont bafoués.”

4. L’importance de l’erreur et de l’apprentissage

Chez Maison GAC, l’erreur n’est pas vue comme un échec, mais comme une opportunité d’apprentissage. « Faites des erreurs, redonnez une place légitime à l’échec et accompagnez les salariés à créer leur solution, » conseille Stéphane Vandecasteele

En intégrant cette philosophie, l’entreprise encourage l’innovation et l’initiative personnelle, du moment qu’elle entre dans les valeurs de Maison GAC.

SV : “Quand je forme, pour moi l’erreur est super intéressante. C’est la réaction à l’erreur qui va m’intéresser« .

Stéphane Vandecasteele met en avant trois types de profils :

  • Vous avez la personne qui va commettre une erreur, qui va être vexée, s’en vouloir, être mal, se renfermer et qui, après, va commettre erreur sur erreur. C’est compliqué à vivre, pour moi et surtout pour elle. Vous n’avez rien besoin d’ajouter, elle se fait mal toute seule.
  • Vous avez celui qui va commettre une erreur et ne pas apprendre. Le lendemain, il va arriver et faire l’inverse de ce que vous lui avez appris la veille. Vous allez lui faire la remarque et il recommencera le lendemain. Ça, moi, j’arrête au bout de 48 heures. On va perdre du temps, lui comme moi. Puis, je pourrai finir par me fâcher avec lui parce que j’aurais l’impression d’être pris pour un con.”
  • Vous avez la troisième personne qui va s’investir, qui va vouloir apprendre d’elle même. Par exemple, en ce moment, j’ai une jeune femme qui est avec moi en formation glace. Elle était plongeuse chez moi. J’ai fait des recrutements pour un poste de glacier. Elle a vu passer des candidats. Quand pour le dernier j’ai dit que j’arrêtais là”, elle a levé le doigt, pour me proposer de le faire.
    Je lui ai demandé pourquoi elle : « Parce que moi, ça fait un an que je suis là, je vous vois faire, ça me passionne » .
    Ça fait une semaine qu’elle est avec moi. Elle commet des erreurs, c’est une certitude. Mais elle est partie très vite et très bien parce que elle connaissait déjà les codes. Elle les a vus.

💡 Nous voyons ici, que proposer dans un premier temps un poste en interne devrait être le premier réflexe. Ici, il sera plus facile de trouver un ou une plongeur.se qu’un ou une glacièr.e.
En RH, c’est ce que l’on appelait la GPEC Gestion Prévisionnelles des Emplois et Compétences, dans mon temps … Aujourd’hui, cela s’appelle la GEPP Gestion des Emplois et des Parcours Professionnels … terme différent, mais même principe.


3. Travailler autrement – un fonctionnement équitable

Travailler autrement … Le slogan de KiSa conseil … J’ai adoré faire cette interview, puis la relire quelques mois plus tard pour écrire cet article, car Stéphane Vandesteelle m’a prouvé que c’était possible de penser et de faire autrement lorsqu’on est un employeur. Non seulement c’est possible mais cela fonctionne très bien.

La base d’une économie réussie, ln le lit et l’entend partout, part du principe qu l’argent est une énergie qui doit circuler. Cela veut dire, et je pense qu’on l’oublie peut-être bien trop, que l’argent ne doit pas s’accumuler dans un espace restreint. Stéphane l’a bien compris, et ne souhaite pas s’enrichir juste pour s’enrichir lui au détriment d’autres personnes.

SV : “On pourrait être bien plus riches que ce qu’on est, parce qu’effectivement, on pourrait travailler le soir avec des équipes du soir. Moi, quand je discute avec des gens qui viennent nous voir aujourd’hui en disant : “On a appris que vous vouliez vous développer. Nous, on pourrait investir” Pourquoi pas, on ne ferme jamais des portes à cela parce qu’on ne sait jamais de quoi l’avenir est fait. Mais quand je leur demande leur vision pour notre boîte, comment ils peuvent la développer. Pour eux, ce n’est pas difficile, c’est de commencer par ouvrir le dimanche et le soir. Cela veut dire que si aujourd’hui, on fait rentrer un actionnaire avec nous, il va nous dire:

– “Eh oh, maintenant vous avez des associés. Nous, ce qu’on veut, c’est du fric. Il faut que ça crache.

– Le problème, c’est qui fait-on travailler le dimanche ?

– On s’en fout, ça. Il y a toujours des gens qui ont envie de travailler le dimanche.”

Non, je pense que les gens n’ont pas envie de travailler le dimanche. On leur oblige de travailler le dimanche, ils travaillent parce qu’ils ne peuvent pas faire autrement

Pour Maison GAC, l’ambition n’est pas individuelle mais collective. Comme pour sa construction, l’avenir de l’entreprise est réfléchit pour les personnes qui s’investissent dans le projet, que ce soit les responsables, les salariés mais aussi les clients.

Stéphane Vandecasteele explique qu’il a 52 ans et qu’il envisage de prendre sa retraite à 60 ans, mais se pose la question de l’avenir de son entreprise. Plutôt que de la vendre à quelqu’un qui pourrait ne pas respecter ses valeurs, il envisage d’ouvrir le capital à ses salariés, les véritables piliers de l’entreprise. « On va céder 10% de notre boîte à nos salariés piliers. L’entreprise est assise sur une main, on a cinq piliers, » explique-t-il, soulignant ainsi son souhait de créer une entreprise participative où les salariés deviennent comme actionnaires, impliqués dans les décisions stratégiques.

En parallèle, Stéphane réfléchit à une autre manière de développer l’entreprise en s’inspirant du modèle boursier. « Plutôt que d’aller voir un banquier, pourquoi on n’ouvrirait pas le capital de notre boîte… ici à la Réunion ? » propose-t-il, envisageant que des investisseurs locaux, séduits par le succès de son entreprise ou de n’importe quelles entreprises à La Réunion, puissent devenir partenaires. « On a vu passer des gens, ils achètent des actions à la bourse, ils investissent. Pourquoi à la Réunion, on n’investirait pas dans des boîtes réunionnaises ? ». Cette idée pourrait accélérer le développement des entreprises tout en renforçant l’ancrage local.

Conclusion

Maison GAC n’est pas simplement un modèle d’entreprise rentable ; c’est un exemple de gestion où le succès collectif prime sur l’ambition individuelle. En ouvrant le capital à ses employés et en envisageant des stratégies de financement alternatives, Stéphane Vandecasteele témoigne qu’il est possible de construire une entreprise prospère tout en restant fidèle à ses valeurs. Cet engagement envers ses équipes et la communauté montre qu’une entreprise peut être à la fois performante et humaine, offrant ainsi une source d’inspiration pour tous les responsables d’entreprises qui souhaitent repenser leur approche managériale.

Le parcours de Maison GAC illustre que le respect des salariés, l’apprentissage à partir des erreurs, et une gestion équitable sont les clés d’un succès durable. Cette vision peut transformer le paysage entrepreneurial, non seulement à La Réunion, mais partout où des dirigeants sont prêts à placer l’humain au cœur de leur stratégie. En fin de compte, Maison GAC démontre que l’innovation et la croissance peuvent coexister harmonieusement avec l’éthique et le respect, offrant ainsi un modèle de réussite pour l’avenir.

Qu’avez-vous pensé de cette interview? Et ce n’est pas fini … Je vous invite à lire la suite …

Sentez vous libre de commenter, et si vous avez aimé l'article de le partager :)

Cette publication a un commentaire

Laisser un commentaire